récit voyage Maroc Mauritanie 2004 part 2

Ce matin nous quittons Antoine et Sandra et prenons la direction de l’oued Attach. Cette piste est grandiose puisqu’elle passe vraiment dans l’oued en eau. Le parcours est tout de même éprouvant car outre la difficulté de la piste, le vent ne cesse de souffler. Difficile dans ces conditions de trouver un bivouac à l’abri. Nous trouvons justement un emplacement protégé. Pendant que je vérifie les dessous du land, les filles jouent au « mini golf ». Ce matin, grasse mat jusqu’à 9h30, on en avait bien besoin ! Descente sur Anergui, bourgade esseulée en montagne. De là nous rejoignons le canyon de l’assif Melloul. C’est splendide, d’un côté la falaise, de l’autre le précipice et la piste fait parfois 2 ou 3m de large !

 

 Le vent souffle toujours et ce depuis 5 jours maintenant, c’est pénible. Nous profitons de la rivière pour nous laver. De nombreux ponts faits de cordes et de pierres tiennent par on ne sait quel miracle. A la sortie du canyon, le rocher de la « Cathédrale » nous fait face et nous décidons de bivouaquer là. Mais un homme à qui je rends service en lui regonflant les pneus nous dit qu’il n’est pas prudent de dormir ici, près de la rivière. Deux gamins nous accompagnent jusqu’à une ancienne scierie. C’est parfait, on est bien à l’abri et on plante le camps sous le regard de dix enfants et d’une femme. C’est l’heure de passer à table quand soudain, la femme nous réclame de l’argent. Il ne nous en faudra pas plus pour tout plier et retourner  à la case départ !!!

25 Août

Je profite de l’eau de la rivière pour dépoussiérer le land. Ensuite, nous longeons le cours d’eau avec la « Cathédrale » qui nous domine. Au détour d’une épingle, des charbonnières sont encore exploitées puis, dans un endroit sympathique, nous faisons une petite pause. Et là, c’est le drame, le land refuse de redémarrer. Après plusieurs recherches, il s’avère que ce sont juste les piles de la télécommande qui sont mortes…ouf, on repart. Un peu plus loin, nous admirons des greniers collectifs et bivouaquons en montagne. En cherchant du bois pour le feu, Emma et moi, voyons notre 1er scorpion. Comme d’hab, nous brûlons nos poubelles et gardons tout ce qui ne brûle pas afin de le jeter dans une ville.

Après 470 Kms de pistes parfois très chaotiques, nous retrouvons le goudron un peu avant Azilal. Comme il faut bien faire quelques visites touristiques, nous gagnons les cascades d’Ouzoud et ne le regrettons pas.
Elles sont vraiment très impressionnantes, malheureusement la couleur de l’eau n’incite pas à la baignade. Demain nous irons voir des empreintes de dinosaure. Elles se trouvent sur d’immenses dalles de pierre rouge. C’est impressionnant de suivre la trace de ces géants. Quelques kilomètres plus loin, Imi n’Ifri est une immense arche naturelle sous laquelle coule une rivière. Ici, la clarté de l’eau est propice à une petite baignade avant d’emprunter le chemin un peu escarpé sous l’arche. La remontée est délicate et Stéphanie manque de tomber. Je la retiens par la main comme dans Cliffhanger ! La route nous mène tranquillement au barrage de Moulay Youssef. Petite pause pique nique puis c’est reparti pour une piste poussiéreuse vers le tizi n’Tichka. Ce soir, douche et repas aux chandelles dans un oued à sec, sous les pins. En redescendant sur Marrakech, nous faisons le plein d’eau à une source en bord de route. A Marrakech, nous retrouvons la civilisation et faisons nos course au supermarché « Marjane » ou nous trouvons tout ce que peut vouloir un européen : jambon, fromage, baguette, etc…à un prix prohibitif bien sûr. Direction le parc de la Ménara.

Nous nous promenons au bord du plan d’eau puis nous rendons dans la médina et nous garons dans un parking près de la Koutoubia. Visite des tombeaux Saadiens. Nous arrivons après la fermeture mais le concierge nous laisse entrer et nous avons le privilège de visiter cette nécropole seuls, sans la foule. A la tombée du jour, poussés par des centaines de personnes (touristes et marocains), nous arrivons à la fameuse place Djemma el Fna classée patrimoine oral et culturel de l’humanité par l’UNESCO. C’est la cour des miracles décrite dans les guides : charmeurs de serpents, montreurs de singes, théâtre de rue, conteurs, danseurs etc… sans compter une bonne centaine d’échoppes à ciel ouvert vendant escargots, jus d’orange, têtes de chèvre, tajine, couscous, fruits secs, huile, légumes… Les odeurs, la lumière blafarde et blanche, tout concourt à donner à cette place une atmosphère étrange et singulière. Les filles se font tatouer au henné pendant que je me fais  photographier avec un serpent autour du cou moyennant quelques dirhams bien sûr. C’est mon anniversaire, nous allons au restaurant le « Toubkal » et mangeons copieusement pour moins de 6€. Retour à notre parking/hôtel où nous passerons la nuit la plus éprouvante du voyage. Chaleur intense sans pouvoir ouvrir les portes du land et appel à la prière à 5h du matin… Emma dit : « Donnez moi des bouchons d’oreilles !!! » Le réveil est délicat et le petit déjeuner frugal avant de partir visiter le palais de la Bahia. Nous quittons Marrakech par une route interminable vers l’océan. Il fait très sec. Le pique nique n’est même pas agréable avec ce vent chaud qui souffle sans discontinuer. Le long de la côte, la fraîcheur est enfin au rendez-vous. Nous cherchons un bivouac sur la plage près de Safi mais le bord de mer est envahi par les tentes des marocains venus passer quelques jours de repos. Même les coins déserts sont sales et nous finissons par rebrousser chemin. Le sable est très mou, l’ensablement est proche, je dégonfle les pneus et ouf on ressort ! Nous poursuivons la route jusque vers Oualidia mais vu la taille des vagues, la baignade tant attendue attendra encore. Nous installons le campement près d’un poste de la sûreté nationale au dessus d’une petite falaise.

Oualidia-Nouhadibou (Mauritanie)

30 Août

Réveil dans une brume à couper au couteau. Nous n’avons de l’océan que le son et l’odeur, pourtant nous ne sommes qu’a 10m de l’eau. Ambiance pointe du Raz jusque tard dans l’après midi. Nous nous promenons sur la plage et profitons de la beauté de l’océan. Cependant Emma est malade et il nous faut trouver une pharmacie. La baie de Oualidia forme une magnifique lagune mais bien trop urbanisée pour nous. Sur une plage déserte et propre, nous trouvons le lieu de bivouac idéal. Au moment de se coucher, 2 hommes approchent de la voiture. Ce sont les gardiens des hectares de culture le long de la côte. Il faut changer de place et se déplacer de 50m dans le sable. Bien sûr, plantage ! Obligé de dégonfler, les 2 hommes poussent et ça ressort…On reste là, bonne nuit ! L’endroit est agréable, Emma en profite pour faire des jeux de plage jusqu’à 15h. Moi, je regonfle les pneus et un joint du compresseur lâche ! Y en a marre ! Réparation à la Mac Gyver et c’est bon. Demain, Stéphanie ramène Emma en France pour la rentrée des classes. Nous nous approchons donc de l’aéroport de Casablanca et dormons à quelques kms.

L’ambiance est tendue. Après toutes ces péripéties, Stéphanie en a marre et moi, je suis crevé. Elle reviendra dans quelques jours pour poursuivre notre voyage vers la Mauritanie. Ca y est l’avion décolle… Je pars à la recherche d’une enseigne Land Rover pour un petit check up du véhicule avant la Mauritanie. Ne trouvant rien, je vais voir un garagiste très sympa qui fait les vérifications. Puis je profite d’être à Casa pour me balader autour de la grande mosquée Hassan II. Je pars à la recherche d’un coin sympa pour passer les prochains jours. Tiens, la fixation d’un amortisseur arrière est cassée ! Je ferai réparer demain. Sur la plage, je fais la connaissance de Saïd, le gardien. Nous discutons beaucoup et le soir, il m’invite à manger. Chez lui, il n’y a rien : 2 pièces couvertes de tôles (20m² environ) et des tapis. Pas d’eau courante, pas de voiture, pas d’électricité, pas de toilettes et éclairage à la bougie. Ils ont un âne et une charrette pour aller chercher de l’eau au robinet du village… Je dors dans la voiture devant chez eux. Nouvelle journée plage. Tiens, l’alarme du land ne fonctionne plus…

 Ce soir, j’achète un poulet vivant que Saïd égorgera et que sa femme plumera pour faire le couscous. Nouvelle nuit devant la maison. Et encore une journée plage, ça commence à faire long. Tiens, une patte de la galerie est dessoudée. Je trouve 4 plaques de désensablage en acier pour pas cher. Elles sont lourdes mais peuvent nous servir. Dernier soir devant la maison de Saïd. J’apprends à conduire la charrette avec les enfants, un grand moment d’émotion !

05 Septembre

Stéphanie est de retour. Nous retournons sur Marrakech pour les courses au « Marjane » puis filons vers Asni où nous empruntons une piste pour rejoindre la station de ski de Oukaïmeden à 2600m. Bivouac sur la piste dans un paysage magnifique fait de roches rouges, d’épineux, de pins d’Alep et de petits villages de maisons en terre. L’arrivée  à la station de ski est déroutante car tout est très sale. cinq téléskis et un télésiège montant à 3200 m, c’est pas mal ! Cependant, les bergers insistants, l’eau sale et les hôtels qui semblent désaffectés ne motivent pas à revenir. Nous allons au bout de la piste et partons en ballade avec Mohamed qui nous montre les gravures rupestres de l’âge du bronze. Ce n’est pas toujours évident de se comprendre : « brico »=bourricot=âne, « crapo »=crampon ! Ah oui, ça change tout. On boit le traditionnel thé puis il nous indique une piste pour redescendre sur Asni.

 

 

Aujourd’hui, on roule, on roule. Nous avalons la route du tizi n’Test, une des plus belles routes du Maroc mais décevante quand on a fait tant de belles pistes dans l’Atlas ! Passage éclair à Agadir pour quelques courses et bivouac entre Tiznit et Guelmin. Toujours plus au sud, 700kms de traversée d’étendues désertiques et monotones. Le sable envahit parfois la route, les dromadaires sont de plus en plus nombreux ainsi que les sebkhas (étendues planes faites de sel et de sable). Les contrôles de la gendarmerie se multiplient et la 1ère question que les gendarmes posent à chaque fois c’est : « profession ? », étonnant ! Heureusement, nous avons prévu des fiches de renseignements bien utiles car elles évitent de se déplacer jusqu’au bureau pour tout noter sur un cahier.  Nous traversons Guelmin, Tan Tan, Tarfaya, Laayoune longeons l’océan. Les distances entre 2 stations services s’allongent ainsi que celles séparant deux « villes ». La route est longue jusqu’à la frontière. Le diesel est détaxé, c’est la seule chose de vraiment excitante sur ce ruban d’asphalte sans fin. Souvent, une odeur de poisson pourri nous envahit. Les camions isothermes vidangent au bord de la route et l’odeur est tenace. Difficile de croire que des gens (surtout des pêcheurs) habitent le long de cette côte, dans un isolement total, là où le vent souffle continuellement.

Vers 18h nous arrivons à la frontière. Le choc ! Il faut le voir pour le croire ! Aucune indication, nous stoppons le véhicule près de ce qui semble être le passage obligé. Trois cases de béton se dressent au milieu d’un parking recouvert de déchets. C’est Beyrouth comme on dit. Y compris pour les formalités. Le douanier recopie dans son cahier les infos nous concernant. Il y a une bougie sur la table de ce que l’on n’ose appeler bureau. C’est également là qu’il dort… Deuxième bureau encore plus sale, les mouches volent de partout. Chaque personne vérifie ce qu’a noté son prédécesseur et rajoute sa signature. Il est trop tard pour traverser. Nous dormons au milieu des poubelles devant le bureau de la police qui a gardé nos passeports pour la nuit.

10 Septembre

La journée débute bizarrement. Le policier chef (cadre et « gâté » ?) nous donne un pain de sucre de 2kgs comme monnaie d’échange nous dit-il. Nous sommes en règle et pénétrons le no man’s land séparant le Maroc de la Mauritanie. La consigne est claire : ne pas sortir des traces car toute la zone est minée.  L’arrivée à la douane mauritanienne est des plus déroutante. Le Maroc, c’était grand luxe. 1ère cabane, une tente en fait, c’est la gendarmerie. Enregistrement des passeports. Le gendarme nous demande 2 piles comme bakchich, on en a, on lui donne. 2ème cabane, c’est la police. De la viande sèche au plafond, un policier se coupe les ongles des pieds sur un matelas pourri. Ils nous font attendre un moment puis nous tamponnent les passeports avec le visa d’entrée. 3ème cabane, c’est la douane, nous établissons le papier pour le véhicule, tout va bien.
   A la fin, le douanier nous demande 10€ pour travail en heures supplémentaires !?! Nous refusons et nous installons donc devant le bureau et en profitons pour rentrer quelques points GPS. Ils nous demandent d’emmener un de leur pote à Nouhadibou. Au bout d’un moment, le douanier me rend les passeports en disant « va-t-en ! ». Et c’est parti pour 1h30 de galère. La piste est très mauvaise et peu visible (nous apprendrons plus tard que ça n’était pas la bonne !). Nous parvenons enfin au poste de gendarmerie appelé « le bouchon » car d’un côté c’est la mer, de l’autre la voie ferrée. De l’autre côté de la voie ferrée, c’est miné. Au contrôle, on nous dit qu’il faut « LE » reçu pour travail en heures supplémentaires et qu’il fallait payer les 10€. Fous de rage, nous rebroussons chemin et cherchons l’accès le plus simple. Impossible, nous finirons par suivre un 4X4 local chargé à bloc. Après quelques excuses, le douanier nous donne le papier et nous retournons au bouchon ! Ouf, tout ça pour ça ! Nous pouvons enfin gagner Nouhadibou. Ici, seule la rue principale est goudronnée. Il n’y a pas de trottoirs et les bâtiments n’ont qu’un étage. Les enseignes des échoppes valent le détour : « Epicerie Carrefour », « Michlin », etc… Nous faisons quelques courses et nous imprégnons de l’atmosphère si particulière. Les femmes arabes sont drapées dans des tissus de couleurs vives, les femmes noires sont plus « sexy ». Les hommes portent le Boubou. Manque de bol pour nous, le week-end c’est Vendredi et Samedi. Il va donc falloir attendre pour faire du change et prendre l’assurance obligatoire pour le véhicule. On se pose près du port et deux jeunes viennent discuter avec nous, nous parler de leur pays, simplement comme ça sans arrières pensées, ça change du Maroc. Vers 1h30 du matin, on frappe au carreau. Après un moment de panique, nous apercevons les gendarmes qui nous disent que c’est dangereux de rester là, qu’il faut aller au camping ! On leur explique qu’on a demandé aux militaires juste derrière. Du coup, on peut rester.
 
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